mercredi 22 avril 2009


« L'objet est plein de droits... c'est moi qui ai tous les devoirs à son égard »

Francis Ponge

Table des matière :

  • Introduction
  • Contexte historique et mouvement littéraire
  • Biographie de Francis Ponge
  • Bibliographie complète de Francis Ponge
  • "L'huître" + illustration
  • "La bougie" + illustration
  • "L'allumette" + illustration
  • "L'orange" + analyse du poème
  • "Les poêles" + analyse du poème
  • "Le platane ou la permanance" + analyse du poème
  • Bibliographie du travail

vendredi 17 avril 2009

Introduction

Francis Ponge est un poète français du 20ème siècle.
Nous allons vous présenter ce poète ainsi que quelques unes de ses oeuvres que nous avons analysés pour que vous puissiez découvrir et rentrer dans le monde de cet ecrivain hors du commun.
Pour cela, nous allons d’abord vous décrire le contexte historique dans lequel Francis Ponge a vécu, ensuite nous vous faisons découvrir sa biographie ainsi que sa bibliographie.
Ensuite, en continuant la lecture de notre blog, vous découvrirez six poèmes de l’auteur que nous avons choisi pour leur thème ou leur originalité. Ils seront suivient, soit d'une analyse, soit d’une illustration. En esperant que ce blog vous plaira et vous apprendra beaucoup sur Ponge et son oeuvre, comme il nous l'a permis.
Bonne lecture !

Contexte historique et mouvement littéraire

Les œuvres de Francis Ponge change complètement la conception romantique de la poésie, illustrée notamment par Lamartine et Alfred de Musset. Pour lui, et contrairement à l'opinion commune, le rôle du poète ne consiste aucunement à étaler ses sentiments mais bien à atteindre une expression adéquate (pour l'auteur et pour le lecteur) de l'objet dont il est question. Contrairement au surréalisme, avec lequelle Ponge a pourtant partagé certains centres d'intérêt, il pense qu'il faut se défier de la "spontanéité" que l'écriture veut libérer. Le travail de Ponge se situe donc à la limite du champ poétique, et c'est pourquoi il a toujours refusé le qualificatif de "poète".

mercredi 15 avril 2009

Biographie de Francis Ponge

Francis Ponge (1899-1988) 

Francis Ponge est né à Montpelier, en France,
 le 27 mars 1899, de Juliette Saurel et Armand Ponge, dans une famille protestante aisée.

En 1909, Francis est scolarisé au lycée Malherbe où il est un élève brillant mais dissipé.

En 1916, il publie son premier sonnet sous le pseudonyme de Nogères.

En 1917, il fait des études de droit ainsi que des études de philosophie.
Après un double échec à la licence de philosophie et à l'École normale supérieure, il adhère au communisme. Il commence alors à écrire, tout en se tenant à l'écart du monde littéraire.

Le 18 mai 1923, Armand Ponge, son père, meurt suite à une fièvre typhoïde.

En 1926, Francis connaît des difficultés d'écriture et une fatigue nerveuse. Il part donc en Normandie, puis au Chambon-sur-Lignon où il redécouvre la nature.

En 1928, il écrit les premières formulations du "Parti pris des choses". Il se rapproche du groupe surréaliste.

A l'âge de 32 ans, il épouse Odette Chabanel en juillet 1931. La même année, sa fille, Armande, naît.

Délégué syndical, militant communiste, il perd son emploi lors des grèves de 1936.

En 1939, "le Parti pris des choses" est prêt mais la guerre va en retarder la publication.

En 1940, il quitta Paris pour s'engager dans la Résistance.

En 1942, il écrit "le Parti pris des choses", recueil dans lequel il tente d'abolir la distinction entre le mot et la chose qu'il désigne. Ce recueil est remarqué par quelques écrivains tel que Jean-Paul Satre qui apprécie le rejet de l'idéalisme dans l'attention accordée aux objets.
Grâce à la publication du "le Parti pris des choses", Francis devient vite un écrivain reconnu. Dans ce recueil, Ponge choisit d'être le poète du quotidien, du matériel, des objets et des choses (« l'Huître », « le Savon », « l'Orange », « l'Appareil du téléphone »).
Sa poésie devient une sorte de redoublement du réel, qui cherche à abolir la distinction entre le mot et la chose.

De retour à Paris après la guerre, il se met à enseigner à l'Alliance française, où il restera jusqu'en 1964.  Il poursuit tout de même son œuvre poétique.

En 1954, sa mère, Mme Juliette Ponge, meurt.

Sa fille, Armande, se marie en 1957 et donne naissance au premier petit fils de Francis Ponge un an plus tard.

A l'âge de 60 ans, il reçoit le Prix international de poésie à Capri, et la légion d'honneur.

Deux ans plus tard, il publie le Grand Recueil, composé de trois parties (1. Lyres, 2. Méthodes, 3. Pièces).

En 1971, il connaît des ennuis de santé.

En 1981, il reçoit le Prix national de poésie.

Le 6 août 1988, il meurt à Bar-sur-Loup âgé de 89 ans.

vendredi 10 avril 2009

Bibliographie de Francis Ponge

Les ouvrages de Francis Ponge :
Douze petits écrits, 1926
Le Parti pris des choses, 1941
Liasse, 1948
Le Peintre à l’étude, 1948
Proèmes, 1948
L’Araignée, 1952
La Rage de l’expression, 1952
Le Grand Recueil, I. Lyres (1961), II. Méthodes (1961), III. Pièces, 1961
Pour un Malherbe, 1965
Nouveau recueil, 1967
Le Savon, 1967
La Fabrique du pré, 1971
L’Atelier contemporain, 1977
Comment une figue de Paroles et pourquoi, 1977
L’écrit Beaubourg, 1977
La Table , 1982
Nioque de l’avant-printemps, 1983
Petite suite vivaraise, 1983
Pratiques d’écriture ou l’inachèvement perpétuel, 1984
Nouveau nouveau recueil, 1992
Correspondance avec Jean Paulhan, 1992
Correspondance avec Jean Tortel, 1998
Lettres à Jean Thibaudeau, 1999
Œuvres complètes, édition publiée sous la direction de Bernard Beugnot, Gallimard, La Pléiade, 2 volumes, 1999 et 2002.
Picasso évidemment, 2005.
Pages d’atelier, 2005

Œuvres mises en scène
La Tentative Orale par l'auteur, Paris, théâtre du Vieux Colombier, 1947. Texte repris par Olivier Bosson, Paris, 1983 ; par Pierre Baux, Paris, 2001 puis 2003.
Le Savon" par Yves Bical, mis en scène par Émile Lanc, Théâtre Poème de Bruxelles, 1972.
Introduction au galet par Olivier Bosson, Paris, 1983.
Le Savon mis en scène par Christian Rist, 1re présentation au Festival d'Avignon en Juillet 1985.
Pièces et morceaux montage de textes par Jean Thibaudeau mis en scène par Nelly Borgeaud Avignon, Juillet 1985.
Monologue du Malherbe mis en scène par Christian Rist et Jean-Marie Villégier, Avignon, Juillet 1985.
Le Concert de vocables coproduit par le Studio classique, la Maison de la poésie et le Festival d'Avignon, 1985.
Le Savon - vingt ans après par Yves Bical, mis en scène par Robert Lemaire, Théâtre Poème de Bruxelles, 1988. Lyon, 1989.
Monde muet poésie-concert Maison de la Poésie, 2001.
Comment une figue de paroles et pourquoi par Pierre Baux et Célie Pauthe avec Violaine Schwartz Paris, 2001 puis 2003.

mercredi 4 mars 2009

L'huître


L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en-dessus s’affaissent sur les cieux d’en-dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.

La bougie


La nuit parfois ravive une plante singulière dont la lueur décompose les chambres meublées en massifs d'ombres.

Sa feuille d'or tient impassible au creux d'une colonnette d'albâtre par un pédoncule très noir.

Les papillons miteux l'assaillent de préférence à la lune trop haute, qui vaporise les bois. Mais brûlés aussitôt ou vannés dans la bagarre, tous frémissent aux bords d'une frénésie voisine de la stupeur.

Cependant la bougie, par le vacillement des clartés sur le livre au brusque dégagement des fumées originales encourage le lecteur, — puis s'incline sur son assiette et se noie dans son aliment.

Francis Ponge, Le Parti pris des Choses (1942)

L'allumette


Le feu faisait un corps à l'allumette.
Un corps vivant, avec ses gestes,
son exaltation, sa courte histoire.
Les gaz émanés d'elle flambaient,
lui donnaient ailes et robes, un corps même:
une forme mouvante, émouvante.

Ce fut rapide.

La tête seulement a pouvoir de s'enflammer, au contact d'une réalité dure,
-- et l'on entend alors comme le pistolet du starter.
Mais, dès qu'elle a pris,
la flamme
-- en ligne droite, vite et la voile penchée comme un bateau de régate --
parcourt le petit bout de bois,
Qu'à peine a-t-elle viré de bord
finalement elle laisse
aussi noir qu'un curé.

Francis Ponge (Pléiade, tome I. page 457 - Gallimard)

Les poêles

L'animation des poêles est en raison inverse de la clémence du temps.
Mais comment, à ces tours modestes de chaleur, témoigner bien notre reconnaissance ?
Nous qui les adorons à l'égal des troncs d'arbres, radiateurs en été d'ombre et fraîcheurs humides, nous ne pouvons pourtant les embrasser.
Ni trop, même, nous approcher d'eux sans rougir...
Tandis qu'eux rougissent de la satisfaction qu'ils nous donnent.
Par tous les petits craquements de la dilatation ils nous avertissent et nous éloignent.
Comme il est bon, alors, d'entrouvrir leur porte et de découvrir leur ardeur : puis d'un tison sadique agir au fond du kaléidoscope, changeant du noir au rouge et du feu au gris-tendre les charbons en la braise et les braise en cendres.
S'ils refroidissent, bientôt un éternuement sonore vous avertit du rhume accouru punir vos torts.
Les rapports de l'homme à son poêle sont bien loin d'être ceux du seigneur à valet

Francis Ponge

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ANALYSE
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Ponge évoque la chaleur et la fraicheur qui donne une notion de contraste (avec les mots "chaleur", "été", "tison", "rougeur/rouge", "braise", "poêles", "radiateurs" qui évoquent la chaleur et les mots "fraicheur", "humide", "gris-tenre", "refroidissent", "eternuement", "rhume" qui évoquent la fraicheur.
Il évoque aussi une comparaison avec l'être vivant notament l'etre humain (avec les sensations que seuls des etres vivants peuvent ressentir "rougeur" comparé avec les poêles qui "rougissent" et les poêles qui "eternuent" et il le montre à la fin de façon plus directe avec la comparaison de relation d'amitié, l'amour que peuvent entretenir deux etres humains. Il y'a également la familiarité des objets avec l'homme pour finir dans cette relation de complicité entre l'animé et l'inanimé.

L'orange

Comme dans l'éponge il y a dans l'orange une aspiration à reprendre contenance après avoir subi l'épreuve de l'expression. Mais où l'éponge réussit toujours, l'orange jamais: car ses cellules ont éclaté, ses tissus se sont déchirés. Tandis que l'écorce seule se rétablit mollement dans sa forme grâce à son élasticité, un liquide d'ambre s'est répandu, accompagné de rafraîchissement, de parfums suaves, certes, -- mais souvent aussi de la conscience amère d'une expulsion prématurée de pépins.Faut-il prendre parti entre ces deux manières de mal supporter l'oppression ? -- L'éponge n'est que muscle et se remplit de vent, d'eau propre ou d'eau sale selon : cette gymnastique est ignoble. L'orange a meilleur goût, mais elle est trop passive, -- et ce sacrifice odorant. . . c'est faire à l'opresseur trop bon compte vraiment.

Mais ce n'est pas assez avoir dit de l'orange que d'avoir rappelé sa façon particulière de parfumer l'air et de réjouir son bourreau. Il faut mettre l'accent sur la coloration glorieuse du liquide qui en résulte et qui, mieux que le jus de citron, oblige le larynx à s'ouvrir largement pour la prononciation du mot comme pour l'ingestion du liquide, sans aucune moue appréhensive de l'avant-bouche dont il ne fait pas hérisser les papilles.

Et l'on demeure au reste sans paroles pour avouer l'admiration que suscite l'enveloppe du tendre, fragile et rose ballon ovale dans cet épais tampon-buvard humide dont l'épiderme extrêmement mince mais très pigmenté, acerbement sapide, est juste assez rugueux pour accrocher dignement la lumière sur la parfaite forme du fruit.

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ANALYSE
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On peut remarquer que dans ce poème en prose, Ponge a personnalisé l'orange. On lui attribue des sentiment, un caractère. Le lecteur considère alors l'objet comme un être humain.
Durant de nombreuses descriptions du fruit, les quatre sens trouvent place: le goût, le vue, le toucher et l'odorat. L'ouïe se fait remarquer par des allitérations. Les mots qu'utilise Francis Ponge la fait éxister alors qu'elle semble se vider: "cellules éclatées, tissus déchirés".
L'orange, en tant qu'objet, ne peut s'exprimer mais arrive à faire pronnoncer son nom "oblige le larynx à s'ouvrir largement pour la prononciation du mot".
On a l'impression que Francis Ponge nous transcrit bien plus que ces cinq sens. Lorsqu'il parle de "prendre parti", "d'opresseurs". Il faut prendre en compte que nou somme en 1942, durant la guerre.

Nous dirions de Francis Ponge que "si nous ne mangeons plus l’orange comme « nous habitons la maison », c’est parce qu’en nous faisant ré-entendre le « bruit de ses syllabes » , il fait œuvre de poète".

Le platane ou la permanance

Tu borderas toujours notre avenue française pour
ta simple membrure et ce tronc clair, qui se départit
sèchement de la platitude des écorces,

Pour la trémulation virile de tes feuilles en haute lutte
au ciel à mains plates plus larges d’autant que tu fus tronqué,

Pour ces pompons aussi, ô de très vieille race, que tu
prépares à bout de branches pour le rapt du vent

Tels qu’ils peuvent tomber sur la route poudreuse
ou les tuiles d’une maison…..
Tranquille à ton devoirtu ne t’en émeus point :

Tu ne peux les guider mais en émets assez pour qu’un
seul succédant vaille au fier
Languedoc

A perpétuité l’ombrage du platane.

Francis Ponge




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ANALYSE
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Ponge s'exprime toujours en prose dans ce poème.
A travers la description, se cachent des symboles. Francis Ponge voudrait-il nous présenter l'arbre de la Résistence qui nous invite à accomplir nos devoirs.
Il a été publié dans "Poésie 42", une revue Résistante en 1942. C'est donc bien la résistance à cette sombre période, où il faut accomplir son devoir dont il fait allusion.

mardi 3 mars 2009

Bibliographie du travail

Livres:

- Regard vers Francis Ponge : Entretien avec Bernard Beugnot et Bernard Veck, 1998, no12, pp. 147-149
- Le Parti pris des choses - La Rage de l'expression - Pièces, Francis PONGE, édition Gallimard

Sites :

-www.jacquesmottier.online
-www.evene.fr
- http://www.proverbes-citations.com
-www.fluctuat.net
-www.republique-des-lettres.fr