Mais comment, à ces tours modestes de chaleur, témoigner bien notre reconnaissance ?
Nous qui les adorons à l'égal des troncs d'arbres, radiateurs en été d'ombre et fraîcheurs humides, nous ne pouvons pourtant les embrasser.
Ni trop, même, nous approcher d'eux sans rougir...
Tandis qu'eux rougissent de la satisfaction qu'ils nous donnent.
Par tous les petits craquements de la dilatation ils nous avertissent et nous éloignent.
Comme il est bon, alors, d'entrouvrir leur porte et de découvrir leur ardeur : puis d'un tison sadique agir au fond du kaléidoscope, changeant du noir au rouge et du feu au gris-tendre les charbons en la braise et les braise en cendres.
S'ils refroidissent, bientôt un éternuement sonore vous avertit du rhume accouru punir vos torts.
Les rapports de l'homme à son poêle sont bien loin d'être ceux du seigneur à valet
Francis Ponge
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ANALYSE
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Ponge évoque la chaleur et la fraicheur qui donne une notion de contraste (avec les mots "chaleur", "été", "tison", "rougeur/rouge", "braise", "poêles", "radiateurs" qui évoquent la chaleur et les mots "fraicheur", "humide", "gris-tenre", "refroidissent", "eternuement", "rhume" qui évoquent la fraicheur.
Il évoque aussi une comparaison avec l'être vivant notament l'etre humain (avec les sensations que seuls des etres vivants peuvent ressentir "rougeur" comparé avec les poêles qui "rougissent" et les poêles qui "eternuent" et il le montre à la fin de façon plus directe avec la comparaison de relation d'amitié, l'amour que peuvent entretenir deux etres humains. Il y'a également la familiarité des objets avec l'homme pour finir dans cette relation de complicité entre l'animé et l'inanimé.